Est-t’il possible de recruter des cadres en pleine guerre des talents ?
L’Apec a dévoilé, mardi 7 juin 2022, son baromètre annuel sur les pratiques de recrutements des cadres. Dans un contexte de compétition accrue pour attirer les candidats, les entreprises doivent adapter leur stratégie de sourcing des profils, en s’appuyant de plus en plus sur les réseaux sociaux. Elles doivent aussi ajuster leurs critères d’embauche, en faisant des concessions sur les rémunérations.
L’embellie sur le marché de l’emploi des cadres se poursuit. Après avoir annoncé, fin avril 2022, des prévisions d’embauches pour l’année dépassant le niveau d’avant la pandémie (282 000 postes à pourvoir contre 281 300 CDI ou CDD d’un an et plus signés en 2019), l’Apec publie, mardi 7 juin 2022, son baromètre annuel sur les pratiques de recrutements des cadres. Dans un contexte de fortes tensions (la moitié des employeurs considèrent que les embauches de cadres ont été difficiles l’an dernier), les entreprises déclarent avoir rencontré, en 2021, plusieurs types d’obstacles.
Tout d’abord, pour 70 % d’entre elles, le faible nombre de candidatures reçues. Vient ensuite, pour 63 %, le décalage entre les candidatures reçues et les profils recherchés. Troisième raison invoquée par la moitié des recruteurs sollicités par l’Association pour l’emploi des cadres : la concurrence d’autres employeurs sur les mêmes profils.
« Il faut donc savoir se rendre visible et se différencier, afficher sa promesse employeur et cultiver son image de marque, souligne Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. Et cela sur tous les canaux permettant d’approcher les candidats, à commencer par les réseaux sociaux. »
Diversification accrue du sourcing des candidats
L’enquête de l’Apec révèle que plus d’un tiers des sociétés interrogées ont utilisé plus de cinq canaux dans leur stratégie de sourcing. En premier lieu : la publication d’annonces sur leur site Internet ou sur des plateformes web dédiées à l’emploi. Sont également cités la sollicitation de leur réseau, le recours aux cabinets de recrutement, aux agences d’intérim, aux établissements d’enseignement supérieur et aux associations d’anciens élèves, ou encore l’approche directe de potentielles nouvelles recrues. Sans oublier les réseaux sociaux dont l’Apec note la forte progression depuis 2019 : ils permettent de contacter les candidats ou de diffuser les offres de postes. Ainsi l’association estime que l’an dernier, 69 % des recruteurs (quelle que soit la taille de la structure) les ont utilisés dans au moins une de leurs embauches. En 2021, c’est même devenu le deuxième canal privilégié par les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes, alors qu’il n’était qu’en 4e position en 2019.
Une durée moyenne de recrutement de 11 semaines
Cependant, l’usage des réseaux sociaux n’a pas entraîné un raccourcissement des délais de recrutement, au contraire. « Depuis quelques années, nous observons que la durée moyenne oscille entre 9 et 10 semaines, mais, l’an dernier, il y a eu une légère hausse à 11 semaines », précise Pierre Lamblin. Comment gagner du temps ? « En rédigeant convenablement les offres, par exemple en précisant les conditions de télétravail, sachant que la moitié des cadres assure refuser un poste s’il n’y a pas de télétravail possible « , répond l’expert.
En effet, l’Apec a classé les priorités des cadres dans leur recherche d’emploi. Si la rémunération arrive en tête, citée par 52 % des personnes interrogées, elle est suivie de près par l’intérêt des missions (49 %), puis, à égalité (41 %), par la localisation et les conditions de travail.
« Les salaires vont sans doute prendre encore plus d’importance avec le choc inflationniste, analyse Pierre Lamblin. Il est trop tôt pour savoir si un phénomène de surenchère se produira mais, dès lors que des métiers sont en forte tension, avec plus de postes à pourvoir que de candidats, cela joue en faveur de ces derniers. »
Ajustement des critères à l’embauche
Le directeur des études de l’Apec constate que les recruteurs sont obligés de faire des concessions : « ils se disputent tous la même denrée rare : les 30-35 ans, avec un à dix ans d’expérience, immédiatement opérationnels et avec un niveau de rémunération pas trop élevé. » Il est donc parfois nécessaire de faire des compromis sur le montant des revenus, l’âge et/ou l’expérience. Ainsi, selon l’Apec, en 2021, 53 % des PME et 67% des grands groupes ont revu à la hausse les émoluments proposés. De plus, 47 % des entreprises, toutes tailles confondues, se sont résolues à choisir un cadre n’ayant pas l’intégralité des compétences techniques voulues et 46 % ont fini par embaucher une personne moins expérimentée que prévu.
Source: courriercadre.com
Credit photo : pixabay
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